Catalogne : d’un coût de 40 M€, la cave de Peralada est la première labellisée LEED en Europe

  • Le cellier est en grande partie enterré grâce à des pieux plantés jusqu’à 20 mètres de profondeur. DR

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La nouvelle cave du château de Peralada, à 10 kilomètres de Figueres, est une performance technique mais aussi architecturale. Son coût, plus de 40 millions d’euros, en fait aussi probablement la cave la plus chère d’Espagne. « Cave verte », elle vient par ailleurs de recevoir une certification environnementale particulièrement exigeante.

Entamés en 2019, les travaux titanesques destinés à faire sortir de terre cette cave unique, ne s’achèveront pas totalement en 2021. Crise sanitaire oblige, l’inauguration de ce bâtiment exceptionnel à bien des égards, programmée cette année, est reportée au printemps 2022.

Des architectes lauréats du Prix Pritzker, déjà auteurs du musée Soulages à Rodez

La famille Suqué-Mateu, propriétaire du château, du domaine viticole et du complexe de Peralada (dont l’hôtel, le restaurant et le casino sont ouverts depuis la levée de certaines restrictions en Catalogne) a choisi l’un des plus fameux cabinets d’architectes européens : RCR Arquitectes. Lauréats du Prix Pritzker en 2017, la plus haute récompense au monde pour les architectes, ces Catalans d’Olot ont notamment signé le musée Soulages à Rodez, mais aussi L’Escola del Sol à Font-Romeu, la bibliothèque de Barcelone ou bien encore des immeubles à Dubaï (lire aussi l’encadré ci-dessous).

« Cave verte »

À Peralada, ils ont imaginé un cellier en grande partie enterré afin qu’il interagisse avec les couches thermiques du terrain (l’espace réservé à la maturation du vin a été conçu comme une grotte, en contact direct avec le sol) et soit ainsi le plus autonome possible en énergie. Pour ce faire, 538 pieux ont été plantés entre 8 et 20 mètres de profondeurs. 331 d’entre eux sont des « échangeurs géothermiques » qui permettent de réduire la consommation de chauffage et de climatisation pour un total de 37 % d’économie d’énergie. 

La construction du bâtiment, ici photographié fin août 2019, a été ralentie par la crise sanitaire. L’inauguration a été décalée de 2021 au printemps 2022. L’Indépendant – Nicolas Parent

« Pionnier en éco-efficacité énergétique », le bâtiment a un impact minimal sur son environnement

La ressource en eau est également préservée avec « une gestion intégrée du cycle de l’eau » et l’utilisation de l’eau de pluie. Résultat de ce tour de force architectural et technique : l’obtention d’une certification, annoncée comme pour l’heure unique en Europe : le certificat LEED Gold. Il s’agit d’une certification internationale délivrée par l’US Green Building Council, un organisme indépendant et intransigeant sur l’écoconstruction. Répondre à son cahier des charges pousse à l’innovation mais entraîne des surcoûts de construction inévitables (amortis à l’usage). Pas de quoi freiner Javier Suqué, le président de Perelada Vins i Caves : « Notre nouvelle cave aspire à devenir l’un des projets phares du secteur vitivinicole européen et à faire perdurer notre vocation originelle : élaborer de grands vins et évoluer en ayant recours à l’expérimentation. Nous avons toujours considéré que cela ne serait possible qu’en priorisant l’intégration complète et harmonieuse dans notre environnement et en misant sur l’innovation et la durabilité à tous les niveaux ». Le nouveau cellier, dimensionné pour produire 3 millions de bouteilles d’AOC Empordà (issue de la plus ancienne région viticole d’Espagne), doit être opérationnel pour ces vendanges 2021. Il sera aussi un pilier de l’œnotourisme.

Des architectes catalans au sommet La réputation du cabinet catalan RCR Arquitectes est mondiale. Co-fondé en 1987 à Olot, par Rafael Aranda, Carme Pigem et Ramon Vilalta, ce collectif d’architectes dessine des bâtiments aux quatre coins du globe. Célèbre en France pour avoir signé le fameux musée Soulages de Rodez ; RCR Arquitectes a réalisé des dizaines d’œuvres en Catalogne (à Barcelone, Gerone, Begur, Ripoll, Olot, le phare du port de Palamos, la cave de Peralada) mais aussi en Belgique (médiathèque de Gent), en France (la « Casa Malecaze » à Vieille-Toulouse, le centre d’art « La Cusine » à Négrepelisse, une galerie à Bordeaux) ou aux Émirats Arabes Unis.

Frédérique Michalak